Introduction

Open Access GoldA major challenge for publications in physics?

Open Access Gold A major challenge for publications in physics?

Bart van Tiggelen

Bart van Tiggelen

Président de la commission des publications SFP

Bart van Tiggelen (Président de la commission des publications de la SFP)

Les organisateurs ont organisé cette demi-journée pour permettre aux participants de partager leurs expériences sur des projets et des développements menés au sein d'autres pays sur l'Open Access. Cette demi-journée doit aussi avoir pour but de lancer en France la discussion sur un modèle de publication présenté comme « idéal », et sur une de ses variantes, l'Open Access Gold.

L'Open Access Gold - Le modèle de l'auteur-payeur

Dans ce modèle le payeur est soit l'auteur physique, une personne morale, une institution, un consortium ou un projet. La publication en accès libre est recommandée aujourd'hui pour toute recherche financée sur fond publics.

Trois types d'Open Access coexistent :

  • Open Access Green : archives ouvertes dans lesquels les chercheurs déposent leur publication (ex : ArXiv, HAL)
  • Open Access Gold : Revue en accès gratuit, financé en amont (par les auteurs et/ou les institutions)
  • Hybrid Open Access : Au sein d'une revue sous abonnement, seuls certains articles, du fait du choix de l'auteur, sont en libre accès.

Quels sont les besoins des chercheurs ?

Les chercheurs souhaitent avant tout que les publications soient de bonne qualité, qu'elles aient une large visibilité, et ce aussi longtemps que possible pour continuer à voir augmenter leur nombre de citations. Deux points sont donc essentiels pour eux :

  • le processus de peer -reviewing
  • une liaison avec le Web Of Science™, outil essentiel pour l'évaluation

La coexistence des deux modes d'Open Access (Green et Gold) satisfait plutôt la communauté.

Des aspects financiers qui posent questions

Les aspects financiers du modèle posent plusieurs questions qui n'ont pas encore véritablement de réponse :

  • Pour les institutions comment ne pas payer deux fois ? Une fois à la publication et une fois à la lecture.
  • Comment estimer le coût d'une publication ? Actuellement le coût moyen de publication par article est estimé entre 1500 à 3 000€. Est-ce que ce modèle coûterait au final moins cher que le modèle traditionnel ?
  • Ce modèle, s'il présente un bénéfice certain pour les chercheurs d'institutions qui ne peuvent payer les abonnements (pays pauvres ou en voie de développement), ne va-t-il pas engendrer une dérive favorisant les auteurs riches, laboratoires bien dotés, qui auront les moyens de publier, et trouveront peut-être là un éventuel moyen de pression vers les éditeurs ?
  • Enfin, est-ce que ce modèle de l'auteur-payeur ne pourrait pas à la longue mettre en danger l'objectivité, l'efficacité et l'indépendance du peer-reviewing ?

Une discussion mondiale

Certains pays (Royaume-Uni, Pays-Bas) ou certaines institutions (Max Plank Institut, CERN) ont des positions politiques marquées sur la question (le 8 décembre dernier, le ministre anglais de la recherche prend résolument position pour l'Open Access). En France les avis sont partagés, si l'IN2P3 est membre de SCOAP3, l'INSMI (Institut National des Sciences Mathématiques et de leurs Interactions) qui anime le réseau des laboratoires de mathématiques n'est pas résolument pour. Quelle est l'opinion des grands organismes de recherche français que sont le CNRS et le CEA sur cette question ?

Un exemple d’OA gold en train de se mettre en place SCOAP3

CERN

Jens Vigen

Jens Vigen

Head Librarian of CERN
Genève

Un exemple d'Open Access Gold communautaire en devenir

Jens Vigen (Directeur de la bibliothèque scientifique du CERN)

Il y a 5 ans, le modèle de SCOAP3 apparaissait comme révolutionnaire

Il l'est toujours aujourd'hui, mais il acquiert maintenant une dimension durable. Transition longue et douce d'un modèle à un autre sans doute grâce à une excellente analyse au départ des protagonistes de la communauté impliquée (scientifique, agence de moyens, éditeurs et bibliothèques).

L'engagement français a toujours existé en faveur de SCOAP3.

L'historique de l'Open Access en physique des particules remonte loin : 60 ans d'histoire. Avec dès le début, une dynamique de pré-tirage, et Arxiv dans les années 90. Moins de 10% des chercheurs lisent un article dans la revue éditée si le préprint est disponible sur ArXiv !

Pourquoi dans ce cas conserver les revues des éditeurs dans le modèle SCOAP3 ? Parce qu'elles sont le gage de la qualité des articles et permettent de comparer la qualité des recherches avec celle des recherches menées dans d'autres domaines.

Le modèle SCOAP3 prévoit de rediriger les financements des abonnements vers le paiement des éditeurs pour assurer la qualité des revues, utiles à la recherche, tout en ouvrant l'accès aux résultats de la recherche.

L'avancement du projet SCOAP3

Actuellement le financement du projet est bouclé à 80% pour l'édition des journaux concernant la physique des particules. Les 20% manquants sont démarchés auprès de la Chine (6,2%), de la Russie et de quelques pays émergents dont l'Inde et le Brésil).

Le projet est soutenu par des grands scientifiques, la commission européenne,…

SCOAP3 : ce qui reste à faire ?

  • Démarcher les pays non engagés
  • Finaliser l'étude de marché
  • Préparer l'appel d'offres
  • Etablir les contrats avec éditeurs

Le démarrage de SCOAP3 est prévu en janvier 2013

Position de la commission européenne

European Commission - Open Access

Jean-François Dechamp

Jean-François Dechamp

Open Access Policy Officer
European Commission
Directorate-General for Research & Innovation

La position de la commission européenne

Jean-François Dechamp (du Directorat Géneral pour la Recherche et l'Innovation, sciences sociales, secteur sciences & sociétés)

Appartient à une équipe dédiée au développement de l'Open Access au sein de la commission européenne (CE).

Au sein de la commission 3 grands axes :

  • Constitution de politiques (Policy Maker)
  • Funding agencies (Bailleur de fond)
  • (Infra)structure funder and capacity builder

La CE s'intéresse à L'Open Access pour plusieurs raisons :

  • que les chercheurs des différents pays d'Europe disposent des mêmes conditions de travail dans quelque pays qu'ils soient, si possible des conditions excellentes.
  • Pour un juste retour de l'utilisation des fonds publics investis dans la recherche.
  • Pour un contrôle des coûts

Actions de la CE en faveur de l'Open Access dans le 7e programme cadre (FP7)

S'agissant d'un programme pilote, 20% des projets avaient eu des coûts de publication en Open Access budgétés lors de la mise en place. Cependant une forte proportion d'articles (70%) n'ont pas pu en bénéficier car ils ont été rédigés après la fin « administrative » du projet correspondant.

OpenAIRE, le portail européen donnant un accès libre aux résultats de recherche financés par la CE sera bientôt complété par une base des données liées aux publications.

La CE a fait développer par un prestataire un indicateur (complexe) pour l'Open Access, qui devrait sortir prochainement.

Proposition de la CE à l'horizon 2020 :

Que toutes publications soient en Open Access à partir de 2014. Dans le 7e programme cadre, seules 20% des publications étaient concernées.

Position des organismes de recherches en France

CNRS

Serge Bauin

Serge Bauin

Direction de l'information scientifique et technique du CNRS

Position du CNRS sur l'Open Access

Serge Bauin (Direction de l'Information Scientifique et Technique du CNRS)

Il n'y a pas de politique officielle du CNRS sur l'Open Access

La dimension très pluridisciplinaire du CNRS rend très difficile l'émergence d'une position consensuelle sur cette question. Mais l'organisme est le lieu de beaucoup de réflexions sur ce sujet qui soulève beaucoup de questions tant à propos du modèle de l'Open Access Gold que sur le modèle traditionnel. En effet :

En sciences humaines par exemple, le modèle d'accès aux résultats de la recherche dans les SHS est très poche de l'Open Access Gold (voir Revues.org)

Quelques questions et réflexions sur l'édition scientifique de demain

CEA - Questionnement sur l’Open Access Gold

Catherine Césarsky

Catherine Césarsky

Haut Commissaire à l'énergie atomique

Position du CEA sur l'Open access

Catherine Cesarsky (Haut-commissaire à l'Energie Atomique)

Bien que sensiblement moins pluridisciplinaire que le CNRS, le CEA n'a pas non plus de position tranchée sur cette question.

Des points à considérer

L'Open Access Gold au CEA représente environ 5% des publications de l'organisme (200 des 4000 articles publiés par an et recensés sur le Web of Science). Ce pourcentage est très variable en fonction des disciplines et peut atteindre 20% pour les sciences du climat et de l'environnement qui disposent d'une société savante très active en ce sens.

  • Dans le domaine de la physique, ArXiv répond aux besoins des chercheurs, et la nécessité d'aller vers un Open Access Gold est faible.
  • Actuellement les facteurs d'impacts des revues ne sont pas encore favorables à l'Open Access, surtout dans le domaine des sciences du vivant. Dans ces disciplines l'Open Access pèse environ 9% des publications de l'organisme (900 articles par an). Les coûts sont autour de 1 300 à 1 500 € par article.
  • En climatologie et sciences de l'environnement le pourcentage d'articles publiés en Open Access atteint les 20% sur un total de 150 articles par an, avec un coût constaté de 25 à 40 € par page.

Des questions

  • Quel est le véritable apport de l'Open Access Gold par rapport à l'Open Access Green ?
  • Est-ce que le modèle Gold contribue véritablement à diminuer le coût des abonnements, et de l'édition en général ? Le véritable problème c'est le prix des abonnements groupés pratiqués par certains éditeurs.
  • Enfin, les agences de financement ne devraient pas ériger en principe la publication des résultats en Open Access Gold.

Les enjeux de l’OA Gold pour les éditeurs scientifiques

IOP Publishing - Engaging with open access within the physics community

Dr Nicola Gulley

Nicola Gulley

Editorial Director

Les enjeux de l'Open Access Gold pour les éditeurs scientifiques

Nicola Gulley, Editorial Director of IOP Publishing Ltd - UK

L'Institute of Physics Publishing (IOP) publie 65 journaux scientifiques. 29 titres sont propres à l'IOP et 36 sont des journaux partenaires hébergés.

La publication en Open Access est proposée par l'IOP pour 33 de ses titres (51%). 7 journaux sont en total Open Access (Open Access Gold) dont le New Journals of Physics (NJP) et Environnemental Research Letters, 26 autres sont des hybrides (hybrid Open Access) dont EPL (Europhysics Letters). Ces journaux sont en totale complémentarité avec les archives ouvertes.

Le Copyright

L'IOP adopte les Creative Commons licences

Coût de publication

Ce coût est estimé à environ £ 1,950 par article. Dans les journaux online aucune limite n'est imposée à la taille des articles, aux contenus multimédia et à l'usage de la couleur.

Le payeur

Les payeurs des articles publiés dans les revues Open Access, full ou hybrid, sont les chercheurs par le biais des bourses, des entités morales (fonds d'aide, mécènes, le financement des pays en développement est assuré par exemple par le biais du Abdus Salams International Centre for Theoretical Physics scholarships) ou les institutions (de manière individuelle ou centralisée en leur sein).

Le peer-reviewing à l'IOP

L'IOP assure maintenir un haut niveau de qualité en affichant un taux de rejet des articles soumis supérieur à 70%.

Dans les revues Open Access (full ou hybrid) les processus de publication dont le peer-reviewing, et la décision de facturation sont totalement séparés.

Les facteurs influençant le coût par article selon l'IOP

Les challenges restant pour l'IOP

L'Open Access au Royaume-Uni

Pour autant que le coût de publication reste inférieur à £ 2,000 afin de faciliter la transition dans certaines disciplines, et que la fonction de peer-reviewing reste assurée, le gouvernement britannique encourage la publication en open access. Un rapport complet sur les implications pour le Royaume-Uni de cette déclaration devrait être publié au printemps 2012.

Springer - The Route to Gold OA @ Springer

Christian Caron

Christian Caron

Executive Publishing Editor
Physical Sciences and Complex Systems

Christian Caron, Executive Editor, Physics, Springer - Germany

Springer

Springer regroupe 55 maisons d'éditions à travers le monde, 5500 employés contribuent à la publication de plus de 150 000 articles par an, dont plus de 20 000 en Open Access Gold, et 7 000 nouveaux livres par an. Un projet pilote pour la publication de livres en Open Access a vu le jour.

La question pour Springer aujourd'hui - Quelle sera la part au final de l'Open Access dans la publication scientifique ?

Springer propose 300 journaux "Open Access Gold"

Depuis 2004, toutes les revues éditées par Springer, sauf exception particulière contractuelle avec l'éditeur scientifique, sont ouvertes à l'Open choice. Cette politique du libre accès est en train de basculer aussi sur les livres. Rachat de Biomed en 2008 (300 journaux), BMC/SO, Plos.

Mais le modèle hybride en open choice serait difficile à gérer pour les éditeurs car il nécessite d'évaluer le montant des publications en Open choice et de gérer des expériences complexes de ristourne sur les abonnements.

Le coût de publication

Il est approximativement de 2 000 € par article. Le coût de l'abonnement à un journal diminue avec l'augmentation du nombre d'article qui y sont proposés en accès libre. BMC/SO : 500€ à 1500€ par article, à comparer au coût dans PLOS (Public Library of Science) : 1 000 € à 2 300 € / article.

Copyrignt

Springer accepte l'auto-archivage des preprints des articles des revues qu'il publie (Springer est labellisé Green publisher sur le site Sherpa Roméo).

Springer adopte aujourd'hui la définition la plus large et la plus libérale des Creative commons license.

L'Open Access n'est pas seulement un modèle économique

Sur la question de l'Open Access Springer se veut agnostique. L'Open Access n'est pas seulement un modèle économique, c'est aussi un moyen de gérer la publication de contenus qui ne s'intègrent pas dans le modèle traditionnel de l'édition comme les sciences régionales ( ?) ou les sujets très inter disciplinaires.

Questions / Remarques

Qui paiera la réédition en cas de changement de format électronique, de type de support, de technologie ? Des formats ouverts devraient permettre des conversions de format. Pour Jens Vigen, le passage du papier à l'électronique à généré 15 à 20 ans de flou sur la question, la conservation étant traditionnellement assurée par les bibliothèques. Avec les archives ouvertes ce rôle devrait revenir vers la communauté scientifique.

EDP Sciences

Jean-Marc Quilbé

Jean-Marc Quilbé

PDG/Chief Executive Officer
of EDP-Sciences

Jean-Marc Quilbé, EDP Sciences, Publishing partner of the scientific communities

EDP Sciences

EDP Sciences est une maison d'édition appartenant à différentes sociétés savantes. Elle a deux partenaires, Springer et Cambridge University Press. Elle édite 55 revues dont 35 en anglais, 6 000 articles par an, une vingtaine de magasines professionnels en 9 langues, des livres, des e-books, et des actes de conférences.

Copyright

Pro-author copyright policy (utilisation/réutilisation du pdf/éditeur). Adoption également des Creatives commons licences. EDP Sciences est labellisé Green publisher sur le site Sherpa Roméo.

(A noter le site Héloïse qui répertorie les politiques de copyright des éditeurs français.)

L'Open Access

L'Open Access assure la visibilité, la diffusion des résultats de la recherche. Mais il ne sera jamais gratuit.

L'Open Access ? Pas si facile

  • Le manque de budget pour le lancement et la publication d'une revue en Open Access entraîne un risque pour la pérennité de ces projets. Les agences proposent un financement limité. Baisse des marges, comment assurer la durabilité du système d'édition
  • Doit-on éditer des nouveaux journaux en Open Access ou transformer ceux qui existent en hybrides en s'appuyant sur leur notoriété ?
  • Dans ce cas ne risque-t-on pas d'assister à une compétition entre journaux ? Où iront publier les auteurs ? Dans les journaux où ils ne paieront pas pour être publier ?
  • Comment attirer les auteurs sans de gros efforts de marketing ? Les gros éditeurs ont là un avantage certain.
  • Qui portera les petits éditeurs ?

Questions / Remarques

Importance d'un lien fort entre les chercheurs et les bibliothèques afin de connaître les coûts des revues, de publication, les conditions des contrats…

La Commission européenne, les organismes, etc devraient supporter les petits éditeurs afin de rétablir, d'assurer une plus saine concurrence.

Position des Sociétés Savantes et ses chercheurs

European Physical Society - EPS And Open Access

Luisa Cifarelli

Luisa Cifarelli

President of the European Physical Society

Luisa Cifarelli, European Physical Society

L'European Physical Society (EPS)

L'EPS œuvre pour la promotion d'une recherche d'excellence dans le domaine de la physique en Europe. Elle cherche également à promouvoir une vision européenne sur les questions importantes de la physique. Elle se veut aussi un catalyseur de la recherche dans ce domaine entre les différents pays et chercheurs européens.

Depuis quelques années EPS tente de réunir les principaux acteurs de l'édition scientifique en Europe pour rendre ce secteur plus compétitif.

Position de l'EPS

L'EPS a présenté sa position sur l'Open Access en 2009 dans « Open Access ; A position paper of the EPS » (www.eps.org).

Déjà en 2009 les réflexions de l'EPS mettaient en évidence un point délicat au sein du modèle économique de l'Open Access Gold. En effet, si la diminution du nombre d'articles acceptés entraîne mécaniquement une augmentation de la notoriété de la revue, son augmentation entraîne tout aussi mécaniquement une augmentation des revenus.

En 2012 la question des publications scientifiques est encore bien complexe. L'EPS insiste sur une évaluation des publications par les pairs (peer-reviewing), celle-ci doit être maintenue à son plus haut degré de qualité. EPS défend également quelques conditions limites qui doivent être respectées dans tout modèle économique de publication. Un changement de paradigme, n'entraînera pas nécessairement une baisse des coûts d'édition et de distribution des contenus.

L'EPS estime aussi qu'une imposition de la part de l'Europe sur le problème de l'Open Access ne soit pas souhaitable vu la variété de modèles et de solutions adoptées à l'heure actuelle dans les différent domaines des publications de physique.

Table Ronde et conclusions

Peer-reviewing

Il n'existe pas de règles claires. Les pratiques sont très différentes d'un domaine à un autre. Ne devrait-on pas établir un catalogue des bonnes pratiques ?

La qualité du peer-reviewing diminue, faute de temps à y consacrer par les chercheurs. La qualité de referee devrait être publique et affichée par les éditeurs, sans aller bien sûr jusqu'à préciser quel article a été évalué et par qui.

Le modèle auteur payeur ne favorise pas un peer-reviewing de qualité du fait des conflits possibles.

Dépôt ouverts

Attention à la mise à la disposition du public et des média en particulier d'articles non-référés dans certains domaines sensibles qui peuvent conduire à de mauvaises interprétation du public (dans le nucléaire ou l'alimentation par exemple).

Programme Open Access Gold

Les publications scientifiques jouent un rôle primordial dans la recherche scientifique. A travers les publications, les chercheurs peuvent rendre visible, de manière efficace, leurs activités partout dans le monde. L’excellence scientifique d’un chercheur ou d’un organisme de recherche est pour une grande partie évaluée par l’impact de ses publications, notamment par le nombre de citations et le « prestige » de la revue, prestige souvent déterminé par son facteur d’impact. Peu étonnant donc que chercheurs, organismes et agences des moyens insistent sur le « prestige » tout en souhaitant une large accessibilité de leurs publications. En ce qui concerne le prestige d’une revue, la « bibliométrie », qui s’est installée au fil du temps pour mesurer l’activité scientifique d’un chercheur à partir de l’impact de ses publications, a clairement renforcé cette tendance. Dans un rapport tout récent l’Académie des Sciences s’est exprimée sur le bon usage des indicateurs bibliométriques, en indiquant que la carrière d’un chercheur ne doit pas se mesurer à travers le seul critère du facteur d’impact de la revue dans laquelle il a publié. Côté accessibilité, le système d’abonnement, tel qu’il est employé aujourd’hui par la majorité des revues scientifiques, en offrant parfois des larges « packages » aux organismes de recherche avec accès restreint, est-il « juste » et adapté pour valoriser au mieux les publications scientifiques de nos chercheurs ?

Le modèle économique

Dans le modèle avec abonnement, le coût est disséminé parmi un grand nombre de lecteurs-abonnés. Avec le modèle « Open Access Gold » et à coût constant, un chercheur-auteur pourra être amené à payer jusqu’à 3000 $ sur ses crédits de recherche pour la publication de son article. La recherche ne peut pas se permettre de payer deux fois pour les publications et ce modèle deviendra difficile à défendre si, dans le même temps, les organismes de recherche continuent à souscrire des abonnements.

Les archives

Publier dans une revue prestigieuse, bien qu’avec accès restreint, n’exclut pas pour autant le dépôt dans des archives ouvertes (ArXiv, HAL-CNRS, HAL-CEA etc). Certes, ces archives ont amélioré l’accès aux publications, c’est ce qu’on appelle le modèle « Open Access Green ». Dans ce modèle les chercheurs déposent leur article sur un serveur ouvertement accessible, sans prix à payer mais aussi sans le filtre, le label et la caution scientifique que peut représenter une revue scientifique avec son peer-review. Les archives vertes ne sont pas repérées par les bases de données comme ISI Web of Knowledge (Thomas Reuters) et leurs citations ne sont pas prises en compte dans l’évaluation de la carrière des chercheurs. Par contre, le modèle « vert » répond aux exigences de la Déclaration de Berlin, signée par la majorité des organismes et établissements scientifiques, qui réclament un accès libre à toutes les publications scientifiques soutenues par des crédits publics. L’application de cette déclaration semble inéluctable et est encouragée par des agences de moyens comme l’ERC et certains programmes du 7ème PCRD. Cependant, la cohabitation des deux modèles, les archives « ouvertes » et les revues sous abonnement, ne semble pas convenir à tous, et ces derniers mois on constate une accélération en direction du modèle « Open Access Gold ». Ce modèle économique est-il plus favorable et stable à long terme pour pouvoir répondre aux besoins de la recherche ? Dans une lettre ouverte publiée en 2009, la Société Européenne de Physique s’inquiète sur les quelques défauts possibles de ce modèle.

Les éditeurs

Le travail nécessaire à la réalisation d’un journal scientifique est souvent sous-estimé : du management d’un « peer review » efficace, jusqu’à la mise en place d’une plateforme de publication performante avec tous les outils nécessaires (DOI, Crossref, XML, le format XML permettant la préservation des données…) en passant par la diffusion dans les bases de données et la mise en forme des articles toutes ces étapes ont un coût. Or, le modèle économique actuel consiste à faire prendre les coûts de publication en charge via la vente d’un abonnement, à une revue ou même à un « package électronique », avec l’inconvénient de réduire la diffusion des articles aux abonnés. Plusieurs éditeurs professionnels (Biomed Central et Plos en sciences de la vie et médecine, Institut of Physics Publishing, et tout récemment l’American Physical Society, Nature Publishing Group, EDP Sciences, Springer…) ont donc lancé la formule de l’ « Open Access Gold ». Plus de frais d’abonnement pour le lecteur, mais un paiement amont par l’auteur.

Les organismes de recherche

Les organismes de recherche seront donc amenés à prendre position : soit ils encouragent leurs chercheurs à publier dans les revues « Open Access Gold », soit ils continuent à favoriser le modèle traditionnel. Des organismes comme le CERN, la société Max-Planck (MPG) et l’Organisation Néerlandaise de la Recherche Scientifique (NWO) se sont déjà exprimés en faveur des modèles « Open Access Gold », au détriment des revues traditionnelles et même des revues hybrides (c’est-à-dire proposant en parallèle des articles sous abonnements avec des articles en open access). L’initiative SCOAP3 consiste à rassembler toute la communauté en physique des particules (y compris les maisons d’éditions et les organismes de recherche) dans un consortium pour encourager et soutenir les publications en « Open Access Gold ».